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domingo, 26 de agosto de 2007

Porte etroite; croupe de rose; truc et barbe

Repaso lo escrito en los últimos post y me asusto de la gravedad de mi tono. Para facilitar una digestión tan pesada os propongo un texto en francés (que yo no me atrevo a traducirlo, que hay cosas para las que soy muy vergonzoso). Se trata del mail que el viernes pasado nos envió Michel Desgranges a todos los adictos a las "Éditions Les Belles Lettres". Hay que reconocer que ciertas cosas, dichas en francés, no parecen ni francés ni griego.

«Osez la sodomie !»

Tel est le conseil (l'injonction ?) qui m'interpelle alors que se dévoile sur l'écran de mon ordinateur la page d'accueil d'un célèbre marchand de biens culturels en ligne (en vieux français : un bazar qui vend par correspondance). Pour être précis, il s'agit du titre d'un ouvrage se rangeant dans l'aristotélicienne catégorie nommée par les libraires «pratique, bricolage, tourisme», bref, une sorte de guide, fleuron d'une collection déclinant sous le même impératif diverses activités sexuelles figurant pour certaines en bonne place dans la Psychopathia sexualis de Kraft-Ebing, et que le dynamique commerçant propose entre le dernier volume d'Harry Potter, une méthode de musculation, des bidules ludoéducatifs et les omniprésentes consoles pour jeux vidéo.
Et je m'interroge : cette activité que recommande l'audacieux commerçant virtuel, tout en en échangeant contre monnaie réelle l'indispensable mode d'emploi, et qui est le pilier postérieur de sa pimpante boutique érotisme, serait-elle l'une de ces nouveautés dont raffolent mes contemporains ?
Voyons donc la réclame que faisait, il y a quelque deux mille ans, la certainement belle Lydé pour son entreprise unipersonnelle de services collectifs :
«Moi, Lydé, je puis satisfaire trois hommes d'un seul coup, l'un par en haut, l'autre par en bas, le troisième par derrière. (...) Si tu es pressé et que vous soyez trois, n'hésite pas à entrer.»
L’accorte Lydé avait-elle, fructueux investissement, acquis trois volumes de la série «osez!» (qui, en ces temps premiers, se présentaient sous la forme de vases aux figures peintes explicites), ou avait-elle trouvé toute seule l'astucieux moyen de servir plusieurs clients à la fois, et d'ainsi augmenter rationnellement sa productivité ? Hélas, nos sources sont muettes, et nul scoliaste ne les éclaire...
Et à qui m'objecterait que ma citation émane d'une professionnelle peu représentative de l'ensemble des citoyens et épouses (non citoyennes) de l'antique Grèce, je répondrai en recopiant ce petit truc qu'offre aux couples mariés un poète d'époque voisine :
«Ne fais pas étendre sur ton lit, face à toi, ta femme enceinte, en jouissant de la Cypris procréatrice : avec la vague qui se gonfle entre vous deux, il ne sera pas facile pour elle d'obéir à la rame et pour toi de manoeuvrer. Mais retourne-la et jouis de sa croupe de rose en prenant ta femme pour la Cypris des garçons.»

Mais pourquoi ce vendredi ai-je abandonné les douces plaines de l'ontologie pour me vautrer dans les tréfonds de la physiologie humaine ? Je répondrai par le récit d'un parcours intellectuel : soudain l'idée m'était venue (en écrivant ces mots me traverse le refrain d'une chanson de salle de garde, qui est de circonstance, mais que je garde pour moi) d'enrichir les Belles Lettres par l'ouverture de notre boutique érotisme bien à nous et, entendant déjà tinter un ruissellement de pièces d'or en nos coffres, j'entrepris d'éplucher notre catalogue –las, à l'exception de quelques vers de Juvénal et de Martial, qui relèvent plus de l'invective que du câlin, et de quelques polissonneries humanistes (Le Pogge, l'Arétin...), je ne trouvais qu'un peu de Pétrone et une meilleure moisson de Catulle (tous deux admirablement traduits par Olivier Sers),un zest d'Ovide, une pincée d'Aristophane et un confidentiel mime d' Hérondas, me restait la toujours providentielle Anthologie grecque, dont j'ai extrait les deux épigrammes ci-dessus recopiées, en fermant les yeux par pudeur.
La publicité de l'entreprenante Lydé et les propos du conseiller conjugal figurent tous deux dans le Livre V, dont le titre traditionnel est : Epigrammes amoureuses de divers auteurs, et si ce volume ne manquera pas d'exciter les philologues pour tous les problèmes de datation, d'attribution et de transmission du texte qu'il soulève, je crains qu'il ne parvienne que difficilement à échauffer les ardeurs de l'obsédé sexuel ordinaire, et cible de l'envisagée boutique.
Ces poèmes sont, pour leur forme, tout à fait charmants, et très habiles à resservir des lieux communs sur la cruauté de l'aimée trop farouche, la désinvolture de l'infidèle et la beauté qui se flétrit (moralité : faites des galipettes tant que vous êtes jeune, ce n'est pas quand vous serez vieille et vilaine etc.), si bien qu'il m'a fallu relire attentivement l'ensemble du texte pour dénicher quelques lignes qui entrassent dans le vif du sujet (il y en a quelques autres, armez-vous d'une loupe et d' esprit mal tourné pour en jouir pleinement) .

Dois-je alors renoncer à mon enrichissant projet ?
Non car, bonne nouvelle, la maigreur de mon butin ne concerne que les hétérosexuels (je précise : des mâles qu'attirent les femelles) aujourd'hui assez passés de mode, et le livre XII de la même Anthologie grecque, qui porte le joli titre dû à Roger Peyreffitte de Muse garçonnière, contient quelques joyaux propres à réjouir les mâles qui aiment les mâles.
Lesquels avaient déjà, en ces temps lointains, une sorte de sentiment de supériorité, fleurant la misogynie, qu'exprime virilement le poète Straton :
«Chez la fille, point d'anneau qui vous enserre, point de simple baiser, ni cette bonne odeur naturelle de la peau, ni tous ces mots lascifs, délicieux, ni le regard candide.(...) Et prises par derrière, elles sont froides, toutes ! Mais le plus grave, c'est ceci : pas d'endroit où poser la main qui vagabonde.»
Et surenchérit le docte Méléagre :
«Femme, Cypris lance le feu des passions féminines : le désir masculin, Eros lui-même le conduit. Où donc me tourner ? Vers l'enfant ou vers la mère ? Je l'affirme, Cypris elle-même dira : «Au hardi bambin la victoire !»
Bien d'autres vers le proclament : il n'était pas nécessaire d'attendre le XXe siècle occidental pour que l'homosexualité (néologisme ignoré de Littré...), masculine d'abord, devînt, de goût ou de plaisir, une fierté s'imposant socialement -- et je regrette en passant, Rothmans International au bec, que ne défile nulle smokers pride, une grande parade surmontée d'aimables et rondes volutes affirmant la fierté d'être fumeur, dont la vigueur contraindrait les politiciens à abolir leurs lois persécutrices, et même à envoyer au bagne les teneurs de propos et faiseurs de gestes cigarrettophobes..., mais revenons à nos tendres moutons sodomites.
On trouve, dans la Muse garçonnière, moultes pièces d'un charmant érotisme, et les usuelles larmes de l'amoureux déçu, ainsi que, spécifiquement masculines, des récriminations contre le truc qui ne marche pas au moment crucial pour se réveiller trop tard :
«Droite et raide, maudite, à présent qu'il n'y a pas lieu ! Et hier, quand il était là, pas un signe de vie. » (encore Straton).
Le même malheur fit enrager Skythinos, dont la plainte est plus longue :
«Tu te dresses à présent bien droite, inqualifiable engeance, sans t'affaisser. Et l'on dirait que tu vas demeurer bandée, sans fin ni trêve.
Mais quand Némésénos, couché de tout son long près de moi, m'offrait tout ce dont j'ai envie, pareille à une morte, tu pendais.
Gonfle-toi, éclate et pleure. Rien à faire ! Tu n'auras de ma main nul geste de pitié !»
Ne nous laissons pas démoraliser par ces pénibles incidents, le truc marche vaillamment dans la plupart des épigrammes mais, alors que je pensais avoir enfin assuré mon fonds de commerce, me tombe dessus un vilain souci (pour utiliser l'aimable euphémisme par lequel mon amie C. N. désigne une catastrophe) –le seul malheur que déplorent sans espoir nos vieux Grecs c'est ...
Citons le prolifique Straton :
«Hier, n'étais tu pas un enfant ? Et l'incroyable, cette barbe, est arrivé ! Comment a surgi ce désastre et s'est couvert de poils ce qui naguère était si beau ?»
Et Straton, toujours lui, explicite, avec une menace voilée :
«Jusques à quand vas-tu les conserver, ces grands sourcils hautains, Mentor, sans même nous saluer, comme si tu devais toujours rester jeune, danser toute ta vie la pyrrhique! Regarde ce qui arrive au bout. La barbe te viendra, mal qui vient en dernier, mais aussi le plus grave. Alors tu verras ce que c'est que disette d'amants !»
Insisterais-je en écrivant que les citoyens grecs n'aimaient les garçons qu'encore imberbes ?
C'est là une pensée aujourd'hui passible des galères, et je ferme ma boutique érotisme avant même de l'avoir ouverte.

Michel Desgranges

3 comentarios:

  1. los franceses hace muchos años que han perdido el oremus

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  2. Un texto instructivo y ameno, merci bien.

    El oremus??? Crois pas.

    Je m'amuse avec la langue française. Les français ont beaucoup de 'plumes', je crois.

    Au clair de la lune, Pierrot répondit
    Je n'ai pas de plume, je suis dans mon lit.
    Va chez la voisine, je crois qu'elle y est
    Car dans sa cuisine, on bat le briquet...

    ResponderEliminar

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