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domingo, 1 de abril de 2012

Domingo de ramos

François Miclo

“Parmi toutes les grandeurs du monde, il n’y rien de si éclatant qu’un jour de triomphe : et j’ai appris de Tertullien que ces illustres triomphateurs de l’ancienne Rome marchaient au Capitole avec tant de gloire que, de peur qu’étant éblouis d’une telle magnificence ils ne s’élevassent enfin au-dessus de la condition humaine, un esclave qui les suivait avait charge de les avertir qu’ils étaient hommes.” Nous sommes aujourd’hui, au Louvre, en 1662, et c’est ainsi que Bossuet commence son sermon du dimanche des Rameaux. Louis XIV est venu entouré de sa cour écouter le grand prédicateur, qui n’est pas encore évêque, mais simple prêtre. Ces hommes ont en commun, comme toute l’aristocratie, une valeur qu’ils placent au-dessus de tout : l’honneur. Or, Bossuet consacre tout son sermon à démontrer que l’honneur est toujours faux, vain, trompeur, mensonger.

Bossuet, ce n’est pas simplement Corneille servant la messe : c’est, avant toute chose, un homme de la Contre-Réforme. Lui, le jésuite, a médité l’enseignement de Vincent de Paul et de Pierre de Bérulle. Il entend, à son tour, retourner aux évangiles avec intransigeance, mais également avec beauté. Intransigeance et beauté, c’est le programme tout entier du renouveau catholique.

En démontant, devant le roi et la cour, le mécanisme de “l’honneur du monde”, Bossuet reste dans les clous de l’évangile du jour. Il va à l’essentiel. Le dimanche des Rameaux est un moment particulier dans le calendrier liturgique. Il annonce le Triduum pascal, qui conduira le croyant au coeur du mystère chrétien : la Passion et la Résurrection.

Mais il constitue également un moment en soi : c’est le triomphe à l’antique. Tout va bien. Mieux serait impossible. Jésus de Nazareth a fait beaucoup de terrain. Il a tenu des meetings harassants partout en Galilée (“Pierre, tu t’occupes de la sono ?”, “Judas Iscariote, les produits dérivés !”, “Henri Guaino : que ferais-je sans toi ?”) et il a décidé de monter à Jérusalem passer Pessa’h avec des proches – essentiellement des membres de son staff de campagne. À l’approche de la ville, la clameur monte : l’Élu est là ! Et l’ascension pateline vers les sommets se mue en apothéose. On l’acclame : “Hosannah !” (ce qui veut dire, à peu près en juif ancien : “Jésus président !”). Certains – qui n’ont pas compris que l’occupant romain ne parle pas encore italien – se mettent à crier : “Santo subito !” Les spécialistes, comme Jérôme Jaffré qui est de tous les bons coups depuis le Néolithique, pronostiquent une issue évidente : une élection à 70 % dès le premier tour. Sans se forcer, avec ses airs de roi des juifs normal, ce Jésus de Nazareth est un cador.

Puis, zim boum, zim badaboum, c’est l’accident bête. Tout s’accélère et s’obscurcit. Les mêmes qui l’avaient acclamé demandent sa mise à mort. Crucifié, enseveli, descendu aux enfers.

Évidemment, le dimanche des Rameaux n’est pas, pour les chrétiens, une fête politique. La question est théologique. Elle institue une différence radicale, et pour tout dire ontologique, entre la Jérusalem terrestre et la Jérusalem céleste, ce hiatus entre les deux propositions évangéliques : “Le royaume est parmi vous” et “ma royauté n’est pas de ce monde”.

Néanmoins, les Rameaux demeurent la plus politique des fêtes chrétiennes : elle illustre, d’abord, le principe que Jean-François Kahn a décrit sous l’expression : “Léchage, lâchage, lynchage”. Aux Rameaux, on lèche. Puis on passe la Passion tout entière à lâcher et à lyncher. Mais ce n’est pas qu’un phénomène politique. Après Elias Canetti dans Masse et puissance, René Girard a montré tout l’enjeu anthropologique de ce phénomène qui appelle des groupes humains à passer, d’une manière quasi instantanée, de l’adhésion au rejet, de l’amour à la haine. Comment une telle possibilité nous est offerte de vouloir détruire ce que nous avons tant désiré ? Ce que la philosophie nous apprend avec de grands mots et de longs discours, Aragon l’a écrit et Brassens l’a chanté : « Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force / Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit / Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix / Et quand il croit serrer son bonheur il le broie / Sa vie est un étrange et douloureux divorce / Il n’y a pas d’amour heureux. »

Le génie du christianisme est d’insérer, avec violence, un coin dans l’idée que l’amour et le bonheur sont condamnés à vivre leur vie séparément. Il nous apprend qu’il existe un amour et un bonheur qui ne sont pas fruits du désir, mais de l’espérance. C’est le sens du dimanche des Rameaux : toute promesse est ailleurs.

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3 comentarios:

  1. lo digo sinceramente, no entraba dentro de mis esquemas que un filósofo - un buen filosofo - navarro, al que sigo devotamente, que mucha devoción es para un agnóstico, ....fuera epatante., o con todos los respetos, este comentario lo es.

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    1. Pues habrá pecado mi inteligencia de las cosas, don Francesc, no mi intención.

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  2. tanta filosofía per acabar en que el diumenge de rams,les palmes les venen les gitanes, almenys al cosat de casa. I ho dic sincerament, Ah! - no recordo haver deixat avui aquest comentari anterior - i no és broma, car em preocupa l'oblit. No és d'un altre dia?

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